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"La Roma fait partie de la famille"


Alessandra Bianchi est journaliste et écrivaine italienne, aujourd'hui basée à Paris. Spécialiste du foot italien, elle a travaillé pour de nombreux médias français depuis 10 ans. Avant Juve-Roma, samedi, @ASRomaFRA s'est entretenu avec cette Romanista pure souche...

Alessandra Bianchi est journaliste et écrivaine italienne, aujourd'hui basée à Paris. Spécialiste du foot italien, elle a travaillé pour de nombreux médias français depuis 10 ans. Avant Juve-Roma, samedi, @ASRomaFRA s'est entretenu avec cette Romanista pure souche...

Tu es une véritable passionnée de la Roma, d'où cela vient-il ?


"L'amour du foot et d'un club est très ancré en Italie, notamment à Rome. C'est une chose qui se transmet de père en fils, mais aussi de père en fille. Chez moi, la Roma fait partie de la famille. Mes oncles, mes cousins et mon père ont toujours eu cette passion. En quelque sorte, c'est la Roma qui m'a choisi, et ce fut un amour réciproque, car c'était naturel pour moi d'être supportrice du club qui porte le nom de ma ville."

Tu n'habites plus à Rome mais tu vas toujours au stade quand tu peux ?


"Je retourne à Rome régulièrement et à chaque fois j'essaie de faire concorder mon voyage avec un match de la Roma [rires]. Soit je vais en tribune de presse, soit je prends un billet en Curva. Le dernier, c'est Roma-SPAL [1er décembre, 3-1, ndlr]. J'étais en Curva Sud avec mon cousin, en famille !"

En plus de la Roma en général, tu voues un amour inconditionnel pour Francesco Totti...


"J'ai le privilège de connaître Francesco depuis longtemps et il a toujours eu quelque chose de spécial, mais il n'a jamais changé, il est toujours resté naturel. Sa spontanéité et sa magie sur le terrain se retrouvent dans le garçon et l'homme qu'il est devenu. Totti et la Roma, c'est de l'amour, de la passion, de la tradition. Totti, c'est un joueur qui a commencé en tant que supporteur pour gagner le titre de champion en tant que capitaine. C'est l'image la plus symbolique.

"Le fait d'être supporteur et joueur fait que vous souffrez d'autant plus dans les moments difficiles, et tout le monde attend beaucoup de vous. Il a réussi quelque chose de vraiment rare, surtout aujourd'hui. Qui après Totti pourra dire j'ai gagné dans ma ville, avec mon club de cœur, malgré toutes les difficultés ?"

La Roma veut garder cette fibre locale avec des joueurs comme De Rossi, Florenzi, Pellegrini...


"Je l'espère, car pour quelqu'un né à Rome, c'est une fierté de voir un de ses joueurs devenir capitaine de la Roma. L'émotion est plus forte. J'ai toujours défendu, dans les bons comme les moments difficiles, Daniele De Rossi. Il a un vrai caractère romain. Voir des joueurs romains attachés à leur club et à leur ville, c'est génial."

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Outre Totti et les romanisti actuels, quel est le joueur qui t'a particulièrement marquée ?


"Des joueurs techniques, forts sur le plan footballistique, il y en a eu beaucoup à la Roma. Mais globalement, si je devais sortir un joueur qui m'a marquée, je dirais Aldair. C'est un exemple incroyable tant au niveau du joueur qu'il était sur le terrain que dans son état d'esprit. Il est encore très attaché au club, après y avoir joué 13 ans. Sa passion pour Rome a été immédiate et spontanée."

Que penses-tu de la saison de la Roma jusqu'à présent, et du travail de Di Francesco ?


"Je dois avouer que je suis très agréablement surprise du travail de Di Francesco. Je suis honnête, après le départ de Spaletti, il n'était pas mon choix numéro 1. Mais je n'étais pas contre son arrivée et je l'ai défendu au début pour qu'on lui laisse le temps de travailler. Le problème c'est que du temps, à Rome, tu n'en as pas !

"Di Francesco connaît Rome, il a longtemps joué ici et je pense qu'il va y arriver. À la mi-saison, rien n'est acquis mais on voit que les joueurs le suivent et les résultats sont là. Finir premier en Ligue des Champions devant Chelsea et l'Atletico, je dois dire chapeau ! C'est très important pour la confiance du groupe. Il est sûr de lui sans être arrogant. Donc ça me plaît ! En championnat, tout est encore possible. Plus tu gagnes, plus les joueurs se sentent forts et sereins. C'est important à Rome ! De plus, Di Francesco est un entraîneur qui pratique beaucoup le turnover. Il rend tous ses joueurs importants. L'an dernier, à Sassuolo, il a été le seul entraîneur à effectuer ses trois changements lors de tous les matches de la saison."

Passons à Juve-Roma. Ce match conclut la phase aller de Serie A, c'est forcément un rendez-vous important.


"C'est toujours un rendez-vous à part. Et toujours un match compliqué. La saison dernière, la Roma s'est imposée 3-1 au match retour alors que la Juve pouvait être sacrée championne d'Italie en ne perdant pas. Contre une équipe finaliste de la Ligue des Champions, c'est une performance notoire. Cela prouve que la Roma peut battre la Juve.

"Cette saison, les Bianconeri montrent encore qu'ils sont là. Ça me fait sourire quand j'entends qu'ils sont moins bons ou qu'ils ont perdu des points. Les autres équipes se sont renforcées, le championnat est plus relevé mais la Juve reste la Juve, il faut s'en méfier. Il y a quelques années, avec Rudi Garcia, la Roma avait très bien débuté, la Juve était loin à la trêve. À la fin de la saison, ils ont fini champions."

roma juve

Qui sont les trois joueurs à suivre côté Juve cette saison ?


"Je me méfie de tout le monde, surtout à la Juve. Si je dis qu'il faut faire attention à Dybala, c'est Pjanic ou Chiellini qui fait un match incroyable. Et il faudra se méfier d'Allegri également."

Par rapport à ce choc, as-tu un souvenir particulier d'un Roma-Juve dans le passé ?


"Je vais parler du match de 2001, à Turin. La Roma était menée 2-0 après une dizaine de minutes de jouées, dans un match très important pour le titre. Grâce à Nakata et Montella, à la dernière minute, on a réussi à égaliser (2-2). Ce match montre l'état d'esprit de cette équipe à l'époque. Nakata, qui était un joueur que j'aimais beaucoup, ne jouait pas énormément mais il a marqué un but vital pour la saison. Pour faire le parallèle avec aujourd'hui, un entraîneur qui donne de l'importance à tous ses joueurs peut apporter beaucoup de force à une équipe."

Di Francesco est donc sur la bonne voie...


"L'espoir est là de voir cette Roma progresser. C'est pour cela que l'on continue de regarder les matches et d'aller au stade! On espère qu'un jour les choses vont changer... Je n'en dirais pas plus, ça porterait malheur !"

Quel est ton onze type idéal de la Roma depuis que tu les suis ?


"Facile, le onze du titre de 2001 ! Même s'il n'y avait pas forcément les joueurs les plus forts à tous les postes, émotionnellement c'est cette équipe qui est entrée dans nos cœurs. Avec Totti capitaine, c'est un rêve qui se réalise. Il y avait quelques joueurs incroyables, comme Cafu et Candela dans les couloirs, qui ont été une des forces et un des secrets de la victoire. Devant, Batistuta avait fait une saison exceptionnelle. Sans oublier Montella et Del Vecchio, la charnière Aldair et Samuel. Voilà mon onze du cœur !"

Dernière question, quel est le français qui t'a le plus marquée à la Roma ?


"Candela, forcément ! Vincenzino comme on l'appelle ici ! Il est devenu un vrai romain avec son magnifique accent français ! Il a tout donné pour la Roma. Je n'oublie pas aussi Mexès lors de ses trois premières années, qui avait atteint le meilleur niveau de sa carrière."